1 avril 2020,
Aujourd’hui, nous vous présentons la réflexion de Jean Staune, philosophe des sciences et essayiste, sur la crise que nous traversons actuellement.
La réflexion de Jean Staune sur les temps que nous traversons
Quel est le contraire de fragile ? Ce n’est pas « robuste » ou « solide » comme on pourrait le penser. C’est un mot qui n’existe dans aucune des grandes langues de notre planète, et, pourtant, il désigne un concept essentiel chez les êtres vivants, mais aussi chez les sociétés humaines, les nations et les entreprises. La sagesse populaire le dit à sa façon à travers la sagesse populaire : « ce qui ne me tue pas me rends plus fort ».
Faute de mots, on appelle cela être « antifragile ». Sortir non pas identique d’une épreuve (ce qui serait être robuste ou solide), mais en sortir plus fort.
Quelles sont les conditions pour acquérir une telle capacité ?
C’est ce que nous verrons avec Jean Staune dans une conférence à la fois théorique et pratique qui, partant des principes de la Théorie du Chaos, prenant à contrepied bien des concepts que de nombreux consultants ont vendu aux entreprises ( tels que « concentrez-vous sur votre cœur de métier », alors que la redondance est une caractéristique essentielle de l’anti-fragilité), illustrée par de nombreux exemples, nous aidera à comprendre comment nous devons nous organiser pour non seulement surmonter les épreuves actuelles, mais même en tirer profit !
En tant qu’élève du Prix Nobel de Chimie Ilya Prigogine avec qui j’ai eu la chance d’avoir des dizaines d’heures de discussions, je savais bien évidemment que des Cygnes Noirs, selon l’expression d’un autre spécialiste de la Théorie du Chaos, l’écrivain Nassim Taleb, allaient nous frapper.
Mais, comme tout le monde, je ne pouvais pas savoir ni quand ni comment.
La complexité de notre civilisation implique l’existence d’éléments systémiques comme celui que nous vivons actuellement. Est-ce pour autant qu’il est nécessaire de croire les collapsologues et autres avocats du grand effondrement qui en profitent pour dire qu’ils avaient raison et que ceci est le commencement de la fin, à l’image du philosophe de l’écologie Dominique bourg et bras droit de Nicholas Hulot qui affirme avec joie le côté salutaire que présente ce virus et qui affirme qu’il n’y aura pas « d’après cette crise », sous entendant ainsi qu’il n’y a plus d’avenir pour l’humanité ?
Je ne le crois pas
Si les systèmes vivants et les systèmes bâtis par les hommes, les sociétés comme les entreprises, sont effectivement extrêmement complexes, ils sont aussi résilients.
Cette résilience, nous sommes en train de l’observer aujourd’hui, où, pour l’instant, comme l’a dit Emmanuel Macron il y a quelques jours, « l’Etat tient ».
Cela ne veut pas dire que nous ressortirons intacts ou à l’identique de cette crise exceptionnelle. Il est clair que bien des façons de faire, de consommer, de produire et de gouverner devront être modifiés. Chacun le sent, et au cœur du confinement qui est actuellement le nôtre, nous avons au moins une chance extraordinaire, celle de pouvoir avoir notre esprit suffisamment calme pour réfléchir sur ce que pourrait être le monde de demain.
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