15 avril 2020,

Isabelle Autissier, navigatrice française, première femme à avoir accompli un tour du monde lors d’une compétition, écrivaine et présidente de WWF France, livre son analyse sur la situation actuelle et les leçons à tirer de cette crise inédite et planétaire.

La spirale de consommation forcenée et addictive de nos sociétés sont allées de pair avec la destruction des fondamentaux qui nous portent sur cette planète, à commencer par la stabilité du climat et la biodiversité, c’est à dire la nature qui nous est indispensable à chaque minute de notre vie.
Nombreux ont été les scientifiques, en particulier, qui ont tiré la sonnette d’alarme. Le cas du COVID 19 avait été par exemple parfaitement anticipé il y a près de 15 ans. La destruction des milieux naturels, le commerce des espèces sauvages, l’entassement des animaux d’élevages, la mondialisation…tout nous amenait à la catastrophe, d’une manière ou d’une autre.

Maintenant que nous y sommes, faisons de ce drame une véritable occasion de sursaut.

Gérer nos économies et nos rapports humains avec comme seul boussole le profit immédiat et le PIB n’est plus entendable.  Pour sauver nos entreprises nous allons mettre des milliards sur la table qui devront être payés par la génération qui arrive. Il n’est pas envisageable que nous leur fassions payer un retour au “business as usual” ave son corolaire ” catastrophes as usual”.
Faute d’avoir fait virer le paquebot tranquillement quand il était encore temps, il va falloir maintenant aller vite. le pouvons-nous ? Bien sûr ! Il n’est que de regarder la vitesse avec laquelle nos sociétés sont capables de changer quand cela leur paraît désirable . Regardons seulement à l’aulne de 5 ans, encore plus de de 10 ans, combien nos vies et nos mentalités ont changées !
l’idée que les entreprises ne sont pas que des pourvoyeuses de biens et services et des distributrices de dividendes  a déjà commencé à se faire jour depuis quelque années. Cela doit, d’urgence devenir un priorité.
La prise en compte effective des effets sur le climat et sur la biodiversité, les consommations de matières premières, les productions de déchets, mais aussi la participation au bien commun en terme de santé, d’éducation, de connaissances au service de tous doivent devenir des critères incontournables de la prise de décision . Dans un premier temps par nos gouvernement, pour conditionnaliser les aides qui vont se déverser par centaines de milliards, en priorité vers ceux qui ont entrepris ce chemin pour tirer l’ensemble de la société vers le haut.
Ensuite chaque entreprise, chaque individu devra faire sa part.
C’est une tâche qui peut paraitre impossible, certains la diront utopique, pourtant nous n’avons pas le choix, sauf à nous précipiter dans la prochaine crise;
Ce repositionnement total est avant tout une chance exceptionnelle d’inventer, de nouveau process, de nouvelles organisations, de nouveaux métiers, mais aussi de nouvelles solidarités et d’œuvrer à un véritable bien-être. Pour la génération qui arrive, c’est une formidable occasion de retrouver du sens dans le monde du travail, où l’énergie de chacun sert le collectif au lieu de le détruire.
Cette période de confinement doit nous permettre de réfléchir individuellement et collectivement au changements nécessaires que nous pouvons piloter et se mettre joyeusement au travail, dès que possible.
“Rien n’arrête une idée dont le temps est venu” disait déjà Victor Hugo.
Le temps de la transition écologique et solidaire est venu.

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