27 avril 2020, Dorine Bourneton, conférencière, pilote de voltige et présidente-fondatrice de l’association “Envie d’envol”  vous présente sa réflexion sur nos capacités à se relever et à devenir plus fort dans l’adversité.

Tomber et se relever

On m’interroge en comparant le confinement à ce que vivent les personnes handicapées. Les parallèles semblent évidents du point de vue des restrictions qu’impose notre condition physique.

Ce n’est pas le plus intéressant. Ce qui est intéressant, c’est plutôt la manière dont nous avons surmonté l’accident, le moment où tout s’est écroulé et le cheminement pour refaire surface.

Tomber et se relever.  Nous visualisons très bien la chute jusqu’au choc, le moment où le déséquilibre s’invite parce que le pied ne prend plus appui. Peu importe la cause. Il y aurait presqu’une grâce à tomber et une pesanteur à remonter.

Se redresser est autre affaire. 

La chute d’un corps se limite au sol.  La dégringolade du moral n’a pas de fond.  On coule. On sombre. On passe sous le niveau de la vie.

Toutes les épreuves, les traversées solitaires voient un jour une colombe leur apporter espoir. Même les plus longues transhumances, interminables, prennent fin. Alors on oublie les privations, la poussière du chemin, les cailloux de la route, les ornières, les impasses et les marche arrière.  On avance d’un pas plus léger, plus souple, plus fort.

Nous sortirons du coronavirus et par les questions que cette crise planétaire soulève, la prise de conscience face à nos paradoxes, je fais le vœu que nous sachions en tirer les leçons, nous aligner avec nous-même.

Je suis tombée sept fois avant de devenir la première femme handicapée pilote de voltige.

Réaliser un rêve n’est pas un chemin linéaire. Ce n’est pas une droite parfaite sur un diagramme avec des dates et des étapes. C’est un parcours chaotique, où l’âme, l’esprit, le corps, endoloris, souffrent, s’arrêtent. Je me suis enfoncée dans des impasses nombreuses, ai fait demi-tour souvent.  Je n’ai jamais abandonné.

C’est peut-être la grande leçon que je retiens de ma vie.  Atteindre un objectif demande une force morale qui s’acquiert dans les larmes et le rire, la peine et la joie. 

Comme s’ils étaient indissociables.

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